Descente sur les Canaries
Hé voilà, nous savions que le grand océan nous attendait avec sa houle de travers et nous l’avons bien eu !
Un vent modérément fort, 25 Kts (knots : nœuds)…Force 6 sur l’echelle de Beaufort, quand même. Avec une houle de 3mètres, ça vous fait tirer des bords arrières : Je croyait qu’une fois le vent de côté on n’avait plus à manœuvrer, mais juste à choisir sa direction et bien non, il faut aller une fois à droite, puis à gauche ((tribord puis bâbord pour les initiés), on avance en crabe ! (Tribord amure/ bâbord amure…pour les experts : c'est-à-dire qu’on prend le vent sur le flan droit / gauche, du bateau).
De toute façon avec cette houle de travers, courte comme en méditerranée, je n’allais pas tarder à me coucher, pour ne plus me relever pendant 4 jours !
Le bateau roulait à qui mieux mieux.
{Le roulis, c’est le mouvement de balancement de côté, le tangage, d’avant en arrière, est supportable.
Une étude américaine dit que pour un roulis de 15° de part et d’autre de la verticale, un équipier ne dispose plus que de 30% environ de ses capacités: la perte commence par la capacité d’agir, de raisonner, de manger, puis touche aussi le sommeil. (Voile Mémento).}
La maxime plaisancière dit que : « Le mal de mer ? Au début on a peur de mourir; à la fin, on a peur de ne plus mourir. » C’est comme passer le Lautaret (col des Alpes) la tête en bas,.. dans le coffre,.. en train de lire,… en pire !!
Le roulis abîme même le matériel : nous avons cassé un coulisseau de grand voile (pièce cousue à la grand voile et qui se glisse dans le rail au niveau du mat afin de hisser la voile), car à force de descendre et remonter sur les vagues, avec un vent arrière, la voile se dévente et claque comme une couverture qu’on secoue.
Leçon de navigation: la prochaine fois nous naviguerons au Génois (voile avant) seul, quitte à le tangoner (le fixer sur un bras pour le tenir tendus et l’empêcher de se dégonfler).
Chaque fois qu’une voile bat (faseye..de Faseyer , avec un seul « s » mais qui se prononce, « sseille » elle s’abîme et c’est très désagréable car cela fait beaucoup de bruit.
Heureusement que Stéphane a assuré tous les quarts sans être malade, il a même réussi à recoudre le coulisseau en navigation et les enfants se sont gérés tant bien que mal (sauf Suzie, qui elle aussi est restée couchée).
Leçon de vie du marin: 1- Je n’avais pas avitaillé en boites de conserves avec des plats pré cuisinées ou des salades toutes prêtes, c’est ce que nous ferons à peine arrivé : achat de boites de conserves et de nouilles chinoises, la survie du marin.
2- Je n’avais pris aucun traitement pour le mal de mer, ce à quoi je vais remédier car c’est plus qu’invalidant et dangereux car nous ne sommes que 2 à manœuvrer.
3- Heureusement qu'il y avait la Copa de Papou pour le moral (il faut avoir sa botte secrète pour survivre) et je la dégustais en pleurant comme une madeleine dans les moments les plus bas: "qu'allaient ils faire dans cette galère?" pour paraphraser Molière!
Nos découvertes de l’Océan allaient se poursuivrent, avec en prime, le deuxième matin, une purée de poids très épaisse, qui allait coller au bateau toute la matinée : merci aux inventeurs du radar qui permet de ramener notre taux de cortisole (hormone du…STRESS) dans des limites raisonnables !
Quelques cargos, quelques dauphins, beaucoup de lumière la nuit, aux ras de l’eau, non répertoriés dans les instructions nautiques, feu bleus, orange, violet sapin de noël quoi…des casiers de pêcheurs ?
La routine.
Le vent s’applatissant complètement, c’est au moteur que nous arriverons aux abords de la première île des Canaries : Lanzarote (très beau, prononcé en Espagnol).
Nos aventures n’étaient pas terminées, nous nous sommes trompés de port : l’Atlantic Odyssey est basé à Arrecife, la capitale de Lanzarote, et nous sommes allés au sud de l’île, à Puerto Calero : ce n’était pas une grosse erreur, car ce jeudi 14 novembre au soir, un cocktail était donné pour les participant de l’Atlantic Odyssey dans ce port, sauf que les autres participants étaient venus en car et nous nous sommes fait remarquer par notre entrée avec le nom brodé en gros sur le lazy bag (sac qui reçois la grande voile quand on l’ affale /déscent) déjà que nous avions 4 jours de retard et que tout le monde nous attendait !
Il ne nous restait que 48H pour préparer le bateau avant le départ du dimanche matin : les enfants s’étaient déjà liés avec les autres gosses des bateaux, mais tout ce qu’il nous restait à faire et le repos dont nous avion besoin, nous ont fait reporter notre participation au prochain départ de l’Atlantic Odysséy le 12 janvier 2014.
Nous avons rencontré Jimmy Cornell, marin accompli et auteur de « Routes des grandes croisières » et d’autres ouvrages très utiles en navigation ; c’est aussi l’organisateur d’événements nautiques comme « l’ARC », rallye transatlantique très prisé : c’est un homme très dynamique et passionné, il retient votre nom et est attentif à chacun, il a fait le debrifing des skippers du premier départ et il est très rassurant de se savoir encadré par quelqu’un comme lui et son équipe.
Merci à Pascal, le correspondant français avec qui nous avions eu contact en juin et qui a fait partie de ceux qui nous on aidé à décider de sauter le pas.
Nous sommes aller voir les 22 voiliers de l'Atlantic Odyssey I partir ce dimanche 17 Novembre 2013 et il ventait sur la jetée...
... Nous,nous allons passer 1 mois ½ aux Canaries, afin de nous préparer: rappelez- vous il y a le problème des charges et de l’alternateur toujours en suspend, les cours du CNED des enfants que nous n’avons pas reçus ni commencés et depuis notre départ de France, la course contre la montre, alors, nous allons nous poser et profiter un peu, nous fondre dans le décor et peut être même avoir des visites sur le Graal…